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L'assaut du Fort du Camp des Romains (Saint Mihiel, Meuse)24 et 25 septembre 1914

Cet article a été traduit de l'allemand; les combats du Fort du Camp des Romains sont par conséquent vus subjectivement par les assaillants (les Allemands) et non par les défenseurs (les Français).

Le régiment bavarois "Von der Tann" eut la gloire de briser la barrière entre Verdun et Toul et de hisser le drapeau bleu et blanc au principal bastion de cette ligne, le Fort Camp des Romains. Cet exploit, rapporté à l'Allemagne le soir du 25 septembre par le langage succinct du télégraphe officiel, est digne d'un haut témoignage militaire et des meilleurs exemples de l'esprit offensif de l'infanterie et du courage militaire bavarois-allemand.

Notre régiment « Von der Tann », a rapporté un camarade soldat dans le « Frankfurter Zeitung », a jusqu'à présent participé à quatre batailles majeures et a également été sous le feu de l'artillerie pendant plus de trente jours. Il fut utilisé au début de la guerre sur le sol alsacien-lorrain et participa à la riposte lorraine dans la région de Viviers-Faxe-Delme. Le 24 août, nous avons été introduits en France lors d’une invasion nocturne qui a duré de sept heures du soir à cinq heures du matin. Nous nous reposâmes deux heures à Einville-au-Jard, puis nous nous lancâmes dans la sanglante bataille de Maixe, qui nous infligea les coups les plus rudes, sans qu'une grêle d'obus pût briser l'endurance de nos troupes. Nous avons ainsi été déployés dans cette zone, entre Lunéville et Nancy, à différents points du front de bataille et poussés toujours plus près de Nancy. Nous y avons vécu les jours les plus difficiles, près des villages de Courbessaux et de Gellénoncourt, que nous avons conquis en deux magnifiques attaques ondulantes, les 5 et 7 septembre. Puis vint le départ, le 12 septembre, date à laquelle eut lieu la grande retraite stratégique de toute l'armée. Au cours de grandes marches, nous avons été conduits à travers la frontière allemande et jusqu'à Metz sous la protection des forts. Le 14 septembre, nous avons défilé dans la banlieue de Metz. Jusqu'au 18 septembre, nous avons eu l'occasion de nous retransformer partiellement à Lorry-les-Metz.

Intérieur du Camp des Romains

Le 18 septembre, l'ordre d'avancer à nouveau arrive, accueilli avec joie. Ce jour-là, nous avons marché sur le champ de bataille de Gravelotte. La nuit suivante, nous avons campé à Rézonville, à 3-4 kilomètres de Bionville et à environ 5 kilomètres de la frontière du Reich. A l'aube, la marche traversa Gorze, où se trouvait le quartier général du prince Frédéric-Charles, et derrière Gorze, la marche franchit pour la deuxième fois la frontière vers la France. Deux ou trois villages plus loin se trouve Saint-Benoît. Là, nous nous sommes mis en position ; l'ennemi était devant le village. Le lendemain, 20 septembre, nous occupons les bois derrière Saint-Benoît, et dans l'après-midi l'attaque commence en direction de Vigneulles-Hattonchatel. A Hattonchatel, l'infanterie française tira toute la nuit depuis deux maisons du village prises ensuite par nos troupes;  les Français encore en vie (quelques centaines d'hommes) ont été capturés. Tôt le lendemain matin, l'attaque se poursuit victorieusement - l'ennemi se retire et, sans la résistance attendue, cède les hauteurs dominantes, en particulier un sommet près de Creuë, un cône de montagne solitaire qui domine toute la vallée qui aurait été très difficile à conquérir. Après le retrait de l'ennemi, nous avons escaladé la forêt sur cette pente raide. Après une escarmouche avec l'arrière-garde française à Chaillon, la route de Savonnières-Devant-Bar, à une dizaine de kilomètres du fort Camp des Romains, est dégagée. C'est là et sur les hauteurs voisines que notre régiment tout entier fut rassemblé le 22 septembre. Le 23 septembre, à trois heures de l'après-midi, la musique de la batterie de mortiers de 28 cm a commencé ici, dévorant des obus d'une taille et d'un poids tels qu'on ne pouvait que frémir devant la faim du canon n° 42 Gamma-Gerät. Le troisième coup aurait atteint la cible, un ballon captif permettant d'observer l'impact de la balle. Le lendemain, le canon continuait de tonner : la reconnaissance d'infanterie ce jour-là parvint à 700 mètres du fort. À une heure et demie de l'après-midi, nous commençâmes notre progression, continuant à travers bois, clairières et sur des hauteurs où gisaient des tranchées abandonnées et des pièces d'équipement françaises abandonnées. Une dernière montée, très raide, menait à la lisière de la forêt. Lorsque nous sommes sortis, tous ceux qui étaient moins calés en matière de cartes ont été extrêmement étonnés de se retrouver sur le sable blanc de ce qu'on appelle l'ancien champ de manœuvre de Saint-Mihiel. A sa droite se trouvent les casernes. En arrière-plan, cependant, les nombreux sentiers sinueux s'étendaient à travers les hautes maisons de la belle ville de Saint-Mihiel, avec des ponts, des îlots, des forêts, des prairies et une vaste campagne ouverte. Juste devant nous se trouvait le fort terriblement fumant, dans lequel de nouveaux obus de mortier continuaient de pleuvoir, sifflant au-dessus de nos têtes.

Après la prise du Camp des Romains par les Allemands

À la tombée de la nuit, notre infanterie s'est retranchée dans une position d'assaut à 70 mètres du fort. Les 16 pionniers qui nous ont été assignés ont commencé leur activité de "lutin" dans la soirée, notamment dans l'enchevêtrement d'obstacles barbelés qui entourait tout le fort. Nos deux bataillons d'assaut étaient déployés sur les côtés et les faces du fort en huit colonnes d'assaut, correspondant au nombre de compagnies ; chaque colonne d'assaut était renforcée par des pionniers supplémentaires. Le premier bataillon attaque à droite, le deuxième à gauche. L'assaut a commencé le 25 septembre, à 5h30 du matin. La veille au soir, le fort avait été déclaré « pas encore prêt à être attaqué », mais l'ordre de donner l'assaut fut donné, et l'attaque a réussi. Après avoir surmonté les obstacles de barbelés, les colonnes d'assaut atteignirent le mur extérieur par des brèches et des trous et de là dans la tranchée principale, dans laquelle les échelles d'assaut furent descendues. Le fossé principal  mesure environ 12 mètres de large et 8 mètres de haut sur le bord extérieur et 7 mètres de haut sur le bord intérieur. Du fond de cette tranchée, l'infanterie en progression dirigeait ses échelles d'assaut vers la rive opposée, le rempart principal, qui fut pris avec courage et audace.

Il va sans dire que tous ces mouvements se sont déroulés sous le feu nourri de l’ennemi. Des projectiles volaient vers nous depuis chaque trou dans le mur, chaque meurtrière et chaque passage souterrain. C'était un combat pour la vie ou la mort. Cependant, après que le soutien fourni par le 6e régiment d'infanterie ait également atteint le mur principal, les Français ont réalisé la futilité d'une résistance supplémentaire et les négociations de reddition ont commencé. Ils ont été terminés à huit heures vingt du matin. 

Le Camp des Romains était à nous. Après la reddition, tout les soldats du fort sont apparus. Les défenseurs sont apparus de tous les côtés. Le fort était occupé par plus de 800 hommes, et plus de 500 d'entre eux avaient déposé les armes. Le commandement de la division a annoncé que 5 officiers capturés, 453 soldats non blessés et environ 50 soldats blessés ont été faits prisonniers. Au cours de l'assaut, la 11e brigade d'infanterie a repoussé victorieusement les tentatives d'évasion de l'ennemi.

Le Camp des Romains après la bataille

Les conditions de reddition permettaient au brave soldat de repartir avec les honneurs militaires, y compris les bagages d'officier, mais les cartes militaires étaient confisquées. À deux heures de l'après-midi, les prisonniers sont partis. Le drapeau bavarois flottait sur le fort. Nous étions en position de parade sur la route menant du Camp des Romains à Saint-Mihiel. A deux reprises, devant les hommes et les officiers, nous avons présenté nos fusils, à deux reprises nos drapeaux ont été baissés.

Le soir de ce jour-là, nous entrâmes à Saint-Mihiel.

Source : Illustrierte Geschichte des Weltkrieges 1914

Traduit de l'allemand par Cl. He.

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