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Les avant-gardes cosaques en 1914

Dessin de Georges Scott

Dès le 15 août, une proclamation du Tsar a ressuscité la Pologne. 

Nicolas II promet l'autonomie et l'intégrité territoriale aux polonais de Russie, d'Autriche et d'Allemagne que le Grand-duc, généralissime russe, convie à s'unifier sous le sceptre libérateur. Précédés d'une nombreuse cavalerie cosaque, les russes portent leurs efforts sur la Prusse occidentale, donnant l'impression de tracer la route pour Berlin. 

Le 17 août 1914, ils ont défait les Allemands à Gumbinnen qu'ils obligent à ramener des troupes du front occidental pour défendre Koenigsberg. Au sud, ils battent les Autrichiens à Lemberg, du 26 août au 2 septembre, essuyant malheureusement eux-mêmes, le 31 août, du côté allemand, où Hindenburg rappelé de la retraite vient de prendre le commandement, le grave revers de Tannenberg.

LES COSAQUES

Les populations prussiennes viennent de faire connaissance avec les armées moscovites et particulièrement avec la redoutable cavalerie cosaque. On sait que cette cavalerie est peut-être celle qui possède le plus de mobilité, sans égale dans les attaques soudaines et d'une extrême souplesse quand il s'agit de se dérober aux coups et à la poursuite de l'adversaire. On peut faire fuir les cosaques, mais il est impossible de les vaincre. Lors de la retraite de Russie, Napoléon en a fait la douloureuse expérience. 

Les cosaques rendirent à la Russie des services précieux contre les montagnards du Caucase et obtinrent d'elle, avec une espèce d'indépendance dont ils se montrent très fiers, des privilèges multiples. Joyeux compagnon, plein de fougue et d'entrain, prompt à la réplique, gouailleur et mordant, le Cosaque a sans cesse une chanson sur les lèvres, un roman dans la tête et l'amour au fond du coeur.

En temps de paix, la vie des Cosaques est exclusivement agricole. Ces guerriers aventureux deviennent des pasteurs attentifs et des cultivateurs laborieux. 

En temps de guerre, les Cosaques apportent à l'armée russe un contingent d'au moins deux cent mille hommes tous armés d'une lance, d'un sabre et d'une carabine. Excellents cavaliers, ils sont d'une témérité inouïe. Leur service va de dix huit à trente huit ans. 

Quelques détails de l'organisation de ce corps sont curieux. Les Cosaques doivent s'habiller, s'équiper et se remonter à leurs frais. En revanche, des terres leur sont sont concédées. Chacun d'entre eux a droit à environ 27 hectares, et les villages qu'ils forment se nomment des "stations", comme s'ils voulaient exprimer le désir perpétuel qu'ils ont du changement et du mouvement. En fait, ce sont des pasteurs guerriers, qui ne demandent qu'à abandonner la charrue pour courir aux armes et qui méprisent absolument le danger.

Leurs instincts belliqueux, leur audace, leur impétuosité, leur effrayante activité sont des choses tellement connues que leur nom seul provoque l'épouvante. Ils entreront en Prusse ainsi qu'une avalanche et si la guerre se poursuit du côté russe comme elle a débuté, leurs premiers détachements ne tarderont pas à se montrer aux approches des faubourgs de Berlin.

La "nahaïka"  et le sifflement des cosaques

Les Cosaques qui ont pour métier de faire la guerre et qui travaillent si bien en ce moment, portent attaché au poignet un fouet  au manche très court et dont la lanière se termine par une boule en fer de la grosseur approximative d'une noix. C'est, sous son apparence de marotte, une arme terrible que ce fouet à boule de fer connu sous le nom de nahaïka.

D'un coup de nahaïka très bien appliqué les Cosaques étendent raide morts aux pieds de leurs chevaux les téméraires qui se sont trop approchés. En tournoyant dans l'air, la nahaïka siffle et en même temps, les Cosaques, ivres de joie, sifflent eux-mêmes d'un certain sifflement de guerre, strident et sinistre, redouté de tous ceux qu'ils ont eu à combattre. 

Source : Bulletin des Armées de la République, août 1914.

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