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29 Apr
Quelques patriotes alsaciens

Le Conseil de Guerre de Colmar a lancé des mandats d’amener contre MM. Hansi, Paul Albetrt Helmer, Hug et Wetterlé qui ont passé en France. Il a en même temps ordonné la saisie de leurs biens. Le Conseil de Guerre de Strasbourg en a fait autant en ce qui concerne M. BlumenthaL .

HANSI.

 La physionomie de Jean Jacques Waltz (Hansi) est trop connue pour que nous nous hasardions à en retracer les contours. Ce dessinateur humoristique n’est pas, comme souvent on le représente, un caricaturiste. Son art ironique a simplement saisi les ridicules des Allemands et son crayon alerte les a fixés. Les types qu’il a ainsi créés sont devenus populaires, même dans les milieux immigrés d’Alsace-Lorraine. Hansi n’est pas seulement un observateur très fin, il est encore un grand cœur. Il aimait la France. Dès que la guerre a éclaté, il a voulu lui donner la preuve de son amour, et avec cette simplicité touchante que tous ses amis admirent, il a mis sac au dos. Cela lui vaut une condamnation pour haute trahison, le seul crime pour lequel la loi allemande prévoie la confiscation des biens. Hansi se consolera de cette nouvelle explosion de haines barbares, pourvu que les petits-enfants de France lui témoignent leur affection admirative.

Paul Albert HELMER.

Encore un condamné pour trahison devant l’ennemi. Avocat à la Cour d’Appel de Colmar, président du Conseil d’Administration du Nouvelliste d’Alsace-Lorraine, l’homme le mieux renseigné sur les menées pangermanistes, auteur des <em>Éphémérides alsaciennes de l’Année terrible,</em> un érudit et un patriote…s’est réfugié, avant l’ouverture des hostilités, à Belfort, où il s’est mis à la disposition de l’état-major, qui l’a chargé d’une mission dans les territoires occupés. Publie en ce moment des études très appréciées sur les sentiments des populations d’Alsace-Lorraine. 

HUG.

Un brave dentiste colmarien, qui, encore en âge de servir la France, s’est dit qu’il valait mieux mettre du plomb dans le dos des Allemands que dans les molaires des Alsaciens.

Daniel BLUMENTHAL.

 Cinquante-quatre ans, avocat à la Cour de Colmar, ancien député au Reichstag et à la Délégation d’Alsace-Lorraine, membre du Sénat du pays d’Empire, juriste consommé, réputé pour sa verve. Était maire de Colmar jusqu’à la date du 30 juillet 1914. Il avait réussi à franchir la frontière après avoir fait la remise des pouvoirs à son successeur. Présentement réintégré dans sa qualité de Français, M. Blumenthal n’a emporté de Colmar que l’estime de ses concitoyens et non pas…la caisse municipale, comme le déclarait certaine gazette pangermaniste, fidèle à la tactique calomnieuse des Allemands.« Faites-leur croire, nous disait-il en riant, que j’ai soustrait 60 000 marks et que je les ai déposés à la Banque de France à Bordeaux ! ».

 L'ABBE WETTERLE.

Ex-député au Reichstag, directeur du Nouvelliste d’Alsace-Lorraine. Une figure célèbre en Alsace et en France. Voici comment la police allemande a composé son signalement :«Front fortment bombé, à arêtes, haut. Oeil couleur sombre, rusé. Langues : français et allemand. Couleur de la figure : pâle, jaunâtre. Marche affinée, pas courts, énergiques, fort mouvement des épaules pendant la marche. Tient, de préférence, les mains dans les poches ou derrière le dos. Habit ecclésiastique : soutane avec rabat noir à bords blancs, large chapeau, tel qu’il est porté par les prêtres en Alsace ».M. l’abbé Wetterlé, qui n’a pas le « teint pâle » a éclaté de rire en lisant ce signalement bizarre. « Si, après cela, la police de Bordeaux ne me découvre pas, s’est-il écrié, et si elle refuse de m’extrader, c’est que, décidément, elle manque autant de flair que de respect pour les autorités judiciaires allemandes ! ». 

Source : Bulletin des Armées de la République, 10 octobre 1914.

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