Si la guerre est la grande école des vertus héroïques, la vie civile a aussi ses héros.
Voici en quels termes les journaux ont relaté la belle action qui a valu à M. Bazy, interne des hôpitaux, la croix de la Légion d'honneur :
« Ce jeune homme, qui porte un nom estimé dans le monde de la médecine - il est le fils du chirurgien Bazy - assistait son chef, alors que celui-ci opérait un pauvre diable atteint de pleurésie purulente. Un flot de pus s'échappa de la plaie, qui pénétra dans l'œil de l'interne. On l'invita à aller aussitôt se faire désinfecter, car ce pus, extrêmement virulent, pouvait provoquer des accidents graves. Il ne l'ignorait point, mais il lui eût fallu interrompre le concours impérieusement indispensable qu'il donnait à son chef, et il n'y avait là personne pour le remplacer. La santé d'un malade, sa vie peut-être, était en jeu.
Il resta à son poste, et l'opéré fut sauvé. Quand il nettoya l'œil souillé, il était trop tard; une infection des plus redoutables se déclara, qui lui fut un martyre de six mois. Et, finalement, l'énucléation de l'œil fut déclaré indispensable. »
L'hôpital est le champ de bataille du médecin. Disputer, au péril de sa santé et de sa vie, un malade à la mort, est un héroïsme qui va de pair avec celui du soldat ; tous les deux, dans l'accomplissement de leur devoir, montrent le plus fier mépris du danger.
M. l'interne Bazy, qui s'est sacrifié si délibérément, était digne d'être décoré, comme le soldat blessé, après la victoire.
Héros du devoir militaire, héros du devoir civil, nous vous saluons avec la même admiration.
Source : Kriegs-Berichte, 13 juin 1915.
Image : Rue des archives.