Parmi les maladies qui menacent le soldat en campagne, il faut redouter surtout la fièvre typhoïde et la dysenterie, parce qu'elles peuvent s'étendre à un grand nombre d'hommes.
Les germes de la fièvre typhoïde et de la dysenterie, à l'origine, existent seulement dans les matières fécales des malades. Comment ces germes peuvent-ils passer de là dans le corps d'autres hommes ?
Bien entendu, ce n'est pas directement qu'ils pénètrent dans l'organisme des hommes sains, mais grâce à de nombreux intermédiaires, par des voies souvent très détournées et à l'insu des intéressés.
Les plus habituels de ces intermédiaires sont les aliments, l'eau, les vêtements, les mains même des hommes. Pourquoi ces intermédiaires sont-ils aisément contaminés par les matières fécales ?
D'abord et surtout parce que ces matières sont dispersées partout par les soldats qui ne s'astreignent pas à faire usage des feuillées. Les pluies venant à laver la surface du sol entraînent alors facilement des germes infectieux dans les puits et les sources; les chaussures, les vêtements des hommes à chaque instant en contact avec le sol, se souillent de matières sans même que l'on s'en aperçoive; il en va naturellement des mains, ne serait-ce qu'au contact des chaussures et des vêtements.
Et quand les mains sont souillées (et il suffit qu'elles le soient d'une façon pour ainsi dire imperceptible), comment les aliments, et surtout le pain, ne le seraient-ils pas aussi ?
Source : Bulletin des Armées de la République, 24 octobre 1914.