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Histoire de la Croix de Fer

La date de création de la Croix de Fer est le 10 mars 1813, jour de l'anniversaire de l'inoubliable reine Louise. C'était une belle pensée que le roi Frédéric-Guillaume III ait créé, précisément le jour de l'anniversaire de la grande martyre, la croix de fer qui est devenue le symbole de nos plus grands et plus durs combats jusqu'à aujourd'hui.
Lorsque le roi installa définitivement son siège de gouvernement à Königsberg en 1808 et 1809, il fut étroitement impliqué dans les luttes de l'Ordre Teutonique. De là, ce dernier ordre avait autrefois transporté la germanité dans les pays slaves et avait conquis une place durable dans des batailles difficiles.

En 1811, le roi songea à déclarer la guerre à la France. Il eut lui-même l'idée de donner comme signe distinctif à la défense nationale prussienne à créer, notre future Landwehr, la croix de l'ordre de Prusse. Il en a lui-même fait le dessin ; il devait être fabriqué en ruban rayé noir et blanc. La forme de cette croix reproduit exactement l'ancienne croix noire en forme de manteau de l'ordre des chevaliers allemands. La bataille avec la France n'a pas éclaté en 1811, mais lorsqu'elle s'est déclenchée en 1813, le roi est revenu à sa première idée en créant la Croix de fer. Jusqu’à présent, il n’existait aucune décoration de guerre pouvant être décernée à la fois aux officiers et aux hommes. De plus, le nouvel ordre ne devait pas être en ruban, mais en fer. Ainsi, l'ordre "Pour le Mérite" fondé par Frédéric le Grand et la médaille du Mérite en or ou en argent créée par Frédéric Guillaume II furent remplacés par la Croix de fer, qui était décernée indifféremment aux officiers et aux soldats.
La fondation eut à Breslau le 10 mars. L'acte de fondation précise deux classes et une Grand-Croix. La forme que la Croix de Fer a finalement reçue a été déterminée par le roi lui-même, car celle proposée par le Conseiller de guerre Einsiedel n'a pas été approuvée. Là encore, Frédéric-Guillaume III avait dessiné lui-même le projet, en s'en tenant à une croix noire uniforme. Le bord blanc a ensuite été ajouté et Schinkel, alors inspecteur général des travaux, a dû déterminer la forme finale que le roi a adoptée. À cette époque, chaque croix coûtait deux thalers et demi. Les premières croix décernées étaient en effet constituées d'un ruban cousu en croix.
Comme cela ne correspondait pas suffisamment au nom « Croix de Fer », on a ensuite tenté de la produire en tôle ; certains officiers ont découpé la forme dans de vieux tuyaux de poêle, gratté la rouille dans les coins, coloré les bords avec du crépi à la chaux et l’intérieur avec de la peinture noire. C’était un modèle présenté par le prince Charles de Mecklembourg, le frère de la reine Louise, modèle qui reçut l'approbation du roi. La croix de deuxième classe portait d'abord l'année 1813 ; lorsque la guerre se poursuivit en 1814, ce millésime fut également placé sous la première. L'année 1815, en revanche, n'a pas été reprise. Les premières croix de fer ont été décernées pour le combat de Luckau le 2 avril 1813, et l'attribution s'est achevée le 18 juin 1816.
Ont été décernées : des croix de fer de 1ère classe à 605 officiers et médecins et à 63 hommes de troupe ; de 2ème classe à 3128 officiers et à 5992 hommes de troupe. Blücher, Bülow von Dennewitz, Tauentzien von Wittenberg et York von Wartenburg ont reçu la Grand-Croix. Blücher avait encore reçu la Croix de fer pour ses hauts faits d'armes sous une forme particulière, à savoir sur une grande étoile dorée. Le nombre de croix n'était donc pas élevé, mais le nombre de personnes proposées l'était bien évidemment davantage. C'est ainsi que le roi, qui devait faire preuve de modestie en raison des ressources limitées de l'État, mais qui souhaitait néanmoins décerner cette distinction au plus grand nombre possible, s'était décidé à recourir à un moyen qui n'a jamais été utilisé ni avant ni après, à savoir l'hérédité.
Lorsqu'un titulaire de la Croix de Fer décédait, elle était attribuée au membre du régiment le plus proche inscrit sur les listes de transmission du régiment. Au cours de la campagne, 257 officiers et 6 084 hommes furent reconnus comme membres de cet héritage. La première classe n'a pas été concernée. Cet héritage a perduré après la guerre et n’a cessé qu'en 1837. Frédéric Guillaume IV prit encore une disposition relative à la Croix de Fer en ordonnant, le 3 août 1841, la création de 96 postes de seniors dont les titulaires, des personnes dignes et nécessiteuses, devaient recevoir une solde honorifique annuelle. Il n'est pas inintéressant d'apprendre qu'une femme, Auguste Krüger, qui avait participé aux guerres de libération en tant que sous-officier sous le nom d'August Lübeck dans le 9e régiment, a également reçu la Croix de fer pour sa bravoure.
Mais la croix de fer était bien plus qu'une simple croix d'ordre. Elle est devenue l'emblème de la Landwehr, qui la porte en tant qu'insigne avec la mention "Mitt Gott für König und Vaterland" (avec Dieu pour le roi et la patrie) sur sa casquette, dans la cocarde et sur le casque en tant que croix. Mais tous les régiments qui participèrent à la Guerre de Libération de 1813-1814 reçurent également la Croix de Fer en haut de leurs drapeaux et étendards. La déesse de la victoire sur le char de la porte de Brandebourg a également reçu la croix. Comme on le sait, elle avait été enlevée par les Français en 1806 après la bataille d'Iéna et emmenée à Paris. Mais notre armée victorieuse ramena la déesse de la victoire à Berlin en 1814, et c'est ainsi que le Baurat Schinkel dut, sur ordre du roi, insérer la croix de fer dans la couronne de laurier qui se trouve en haut de la tige de la déesse.
La croix a reçu une place d'honneur encore plus importante lorsque Frédéric-Guillaume III l'a intégrée dans l'étendard rouge du roi, dans l'étendard rouge de la reine et dans l'étendard blanc de la maison royale. De même, l'empereur Guillaume Ier l'a ensuite intégré à l'étendard de l'empereur et du prince héritier ainsi qu'à celui de l'impératrice. En 1816, Friedrich Wilhelm III a également apposé la croix de fer avec l'aigle noir sur le drapeau de guerre prussien de la goélette prussienne "Stralsund".
Depuis 1894, ce drapeau de guerre de 1816 est devenu le drapeau des bâtiments officiels prussiens.
La grande année 1870 arriva. Le 19 juillet, la France déclara la guerre à la Prusse. Le même jour, jour anniversaire de la mort de la reine Luise, le roi Guillaume Ier institua à nouveau la Croix de fer, désormais pour toute l'armée allemande, qui partit au combat dans un enthousiasme unanime. Elle fut également dotée d'une première et d'une deuxième classe et d'un grand-croix comme en 1813 ; sur l’avers elle a reçu le W avec la couronne et l'année 1870 ; au dos, elle ressemble à la croix de 1813. Notre prince héritier a reçu la première croix de fer pour ses victoires à Weissenburg et Spichern les 4 et 6 août 1870. A cette époque, 9 Grands Croix ont été décernées, 1 230 croix de 1re classe et 40 200 croix de 2e classe au ruban noir et blanc, ainsi que 3 050 croix de 2e classe au ruban blanc et noir. L'empereur Guillaume Ier a également décerné les drapeaux et étendards des régiments qui avaient combattu avec la Croix de fer le 16 juin 1871, jour de l'entrée des troupes victorieuses à Berlin.
Lors de la commémoration du 25e anniversaire des grandes victoires de 1870, notre empereur a ajouté à la croix de fer de 2e classe, sur le bord supérieur, un rameau de chêne en argent à trois feuilles portant le chiffre 25. Et maintenant, la croix apparaît pour la troisième fois dans notre grande guerre. Le 5 août 1914, notre empereur l'a de nouveau instituée. Il y a cent ans, nos grands-pères libéraient la Prusse de la domination étrangère napoléonienne sous la croix de fer ; il y a quarante-quatre ans, nos pères conquéraient sous ce signe notre grand et unique Empire allemand, et de nouveau, les fils sont partis et partent au combat non seulement contre l'ancien ennemi héréditaire, mais aussi contre les barbares de l'Est et les hypocrites Britanniques, contre tout ce qui est mensonge et trahison.
Dans ce combat, la Croix de Fer doit se dresser comme un monument de justice contre un monde d'ennemis, elle doit être le signe de la bravoure, de l'abnégation, de l'oubli de soi, de l'amour fidèle jusqu'à la mort et qui surmonte tout, même la mort.

Max Comment, Journal de Guerre du VIII° Corps de Réserve - 7 juin 1915

Traduit de l’allemand par Claude Herrgott, 12 avril 2024.


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