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Les tranchées allemandes en 1914

Aujourd'hui, la lutte pour un bastion a été remplacée par la lutte pour la position de campagne fortifiée, dotée des mêmes moyens militaires que la forteresse. C'est pourquoi la guerre devait prendre le caractère d'une bataille de place forte, dans laquelle l'attaquant ne pouvait survivre sans couverture artificielle. Ce qui est un boyau là-bas, c'est une tranchée ici. Et les troupes doivent tenir dans celle-ci, pendant des semaines et des mois, elles ont besoin de liaisons pour pouvoir amener des munitions et de la nourriture dans la position de combat, elles ont besoin d'un équipement qui les protège si possible contre les intempéries et les tirs ennemis et, dans certaines circonstances, sont tenues de créer des obstacles artificiels pour rendre la contre-attaque plus difficile.

L'attaquant dans les batailles de forteresse commençait déjà au XVIe siècle à remplacer les défenses lourdes par de puissants retranchements avec des couvertures en terre et creusait donc des tranchées qui fournissaient le matériau pour la couverture devant eux.  Dans les guerres en campagne, des tranchées avaient toujours été construites ce qui prenait évidemment un temps considérable. Mais ce n'est qu'après la guerre de Crimée que l'idée de produire rapidement des couvertures en terre pour l'infanterie a été remplacée. Lors de la défense de Sébastopol, Edouard Totleben avait créé à la hâte des tranchées ainsi que des terriers pour les avant-postes, qui pouvaient rester occupés même pendant la journée et étaient appelés « embuscades » par les Français en raison de leur aspect sournois et difficile à reconnaître.

Aménagement des tranchées

Or, une telle tranchée est en réalité quelque chose d'extrêmement simple : les équipes creusent un boyauoù elles sont censées se défendre, alignées en ligne, et projettent la terre vers l'ennemi pour fournir un monticule sur lequel elles peuvent tirer. Cependant, on ne peut pas s'attendre à ce que tout le monde soit en mesure de déterminer de manière appropriée la profondeur de la tranchée et la hauteur du monticule, de manière à ce que le massif du sol soit suffisamment protégé contre les balles et, d'autre part, que son excavation ne nécessite pas trop de travail. Il a donc fallu prévoir des dispositions concernant les dimensions de la tranchée et de la couverture. Il semblait idéal de créer dans un premier temps une tranchée très peu profonde dans laquelle le fusiller pourrait s'allonger et tirer par-dessus un parapet très bas. C’est certainement celui qui a nécessité le moins de travail. S'il y avait plus de temps, la tranchée peut être approfondie, le parapet légèrement relevé et un abri est fourni pour un carabinier agenouillé. Pour que cela soit utilisable par un homme debout, il suffisait de l'approfondir davantage, et finalement cette tranchée pourrait également être améliorée en s'enfonçant plus profondément derrière la position du tireur et en créant ainsi un chemin  derrière lui. Le parapet nécessaire au militaire est en grande partie renforcé avec le terrain gagné.

Aménagement des tranchées

L'expérience montre que les tranchées étaient parfois inconfortables pour les tireurs couchés ou agenouillés et parfois insuffisantes pour faire face au pouvoir de pénétration toujours croissant des balles. La création éphémère d'une couverture de fortune par le fusilier couché au sol (à l'instar des Japonais) a été retenue pour l'approche, mais la tranchée pour les fusiliers debout a été généralement adoptée, bien que (en Allemagne) le talus au sol ne doive pas dépasser 30 centimètres de haut afin de cacher les armes aux yeux de l'ennemi. Par conséquent, toutes les formes aux arêtes vives doivent être évitées et rendues méconnaissables en les recouvrant d’herbe ou de feuilles. Le tireur doit créer une marche dans la tranchée et, si possible, créer des embrasures et revenir au-dessus d'un talus au sol pour créer une défensive contre les morceaux d'explosifs.

Cependant, les revêtements horizontaux sont particulièrement importants pour se protéger contre les éclats d’obus venant verticalement. Ils sont fixés à l'extérieur de manière simple à l'aide de poteaux, de planches, etc. et toujours de petites dimensions, mais aussi nombreuses que possible pour que de tels tirs n'entraînent pas de pertes excessives. Des fermes sont également créées pour limiter l’effet des planchers aux pièces plus petites. Il existe des types spécifiques pour tous ces systèmes ; Mais le fantassin doit apprendre à s’adapter de manière autonome en fonction des circonstances. Comment cela peut se produire, complètement différent de l'exemple classique, est montré par une tranchée creusée dans un fossé lors de l'attaque de Dixmude. La dureté de la route empêchait le revêtement de pénétrer dans le mur de façade, c'est pourquoi le revêtement a été posé sur le fossé lui-même. Cependant, afin de permettre la circulation dans la position qui en était empêchée, une tranchée a été créée derrière celle-ci et reliée à la tranchée par de courtes tranchées transversales. Le fantassin apprend ainsi à s'adapter aux circonstances du terrain.

Une tranchée réalisée dans un fossé en bord de route près de Dixmude

Mais les couvertures horizontales sont particulièrement importantes pour la protection contre les éclats d'obus venant d'en haut. Elles sont placées de manière simple à l'aide de barres, de planches et autres à l'extérieur, toujours de petites dimensions, mais en nombre aussi grand que possible, afin qu'un coup heureux de la part de l'ennemi ne cause pas de pertes trop importantes. On installe également des traverses pour limiter l'effet des projectiles à de petits espaces. Pour toutes ces installations, il existe des types précis, mais le fantassin doit apprendre à s'aménager de manière autonome en fonction des circonstances. Une tranchée réalisée dans un fossé lors de l'attaque de Dixmude montre comment cela peut se faire, en s'écartant totalement de l'exemple pédagogique. Mais pour permettre la circulation dans la position ainsi empêchée, on a encore aménagé un fossé de course derrière relié à la tranchée par des tranchées transversales plus courtes. 

C'est ainsi que le fantassin apprend à s'adapter aux circonstances sur le terrain.

Source : Lieutenant D. Frobenius, Illustrierte Geschichte des Weltkrieges 1914

Traduit de l'allemand par Cl. He.

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