4 min lu
13 Sep
Les chiens du service sanitaire dans l'armée allemande
Les campagnes précédentes ont montré que les blessés qui ne peuvent pas se rendre ou être transportés eux-mêmes vers les zones arrières et cherchent souvent, en mobilisant leurs dernières forces, à se cacher sur le terrain afin de se prémunir contre d'autres blessures et contre le risque d'être piétinés ou écrasés ou même tués. 

Un certain nombre de soldats grièvement blessés resteront allongées là où le tir les a touchés. Il s’agira très souvent d’endroits offrant peu de lumière, surtout quand l'obscurité tombe ou bien la nuit. En effet, même si les blessés ont été, dans la mesure du possible, pris en charge par le personnel sanitaire de la troupe pendant le combat, leur transport depuis la zone touchée par les balles ou les obus jusqu’aux points de secours ne sera généralement possible qu'après la cessation du feu de l'ennemi ; il en va de même pour la recherche ordonnée du champ de bataille. Mais dans la majorité des cas, les équipes médicales des compagnies ne pourront lancer ces recherches que le soir ou dans l’obscurité totale. C'est particulièrement le cas après des combats de plus grande envergure qui, en raison de l'étendue du champ de bataille en largeur et en profondeur et du nombre de victimes, présentent des difficultés particulières en ce qui concerne la localisation des blessés. Et pourtant, tous les blessés doivent être retrouvés et soignés au plus vite !

Même si les équipes médicales et leurs assistants mettront tout en œuvre pour accomplir cette tâche, même si le plus haut niveau d'assistance technique est disponible pour faciliter la recherche aux yeux des équipes, chaque terrain offrira des endroits où les blessés pourront être oubliés, ou d’autres malheureusement négligés. Cela est prouvé par les chiffres des « personnes disparues » dans les rapports de pertes. Dans les « nids blessés » évoqués au début, l'un ou l'autre sera toujours suffisamment conscient pour pouvoir se faire connaître des équipes de recherche par sa voix. Mais il faut aussi retrouver les blessés graves, seuls, qui ne peuvent plus appeler, ou qui sont évanouis. Qu'ils se trouvent dans des champs plus élevés, dans des fossés ou derrière des haies ou des buissons, dans des endroits où la lumière des projecteurs ne pénètre pas et encore plus dans les terrains boisés.  Le risque que des blessés graves passent inaperçus à de tels endroits et finissent seuls dans d'atroces souffrances est trop grand pour ne pas chercher d'autres moyens pour obtenir un succès aussi complet que possible, c'est-à-dire pour tenir compte du fait que la recherche a ses limites dans la capacité de perception humaine, et que les efforts précédents et l'excitation du combat n'auront pas été sans effet sur les nerfs des équipes de recherche. 

Nous disposons désormais d’un assistant intelligent et volontaire dont les caractéristiques et les sens sont exploités depuis des milliers d’années : le chien. L’utilisation des chiens au service de l’amour du prochain n’a rien de nouveau. Mais les chiens d'assistance utilisés par la police ont souvent suffisamment d'occasions de retrouver des personnes sans défense, malades ou ivres lors de patrouilles nocturnes dans des endroits éloignés. Ou bien ils sont mis sur la trace d'enfants perdus ou de personnes mentalement dérangées qui errent dans les bois et les champs. Pour la recherche des blessés, l'utilisation de chiens sanitaires, est particulièrement importante. L’odorat et l’ouïe, sens très développés chez ces canidés, complètent ceux des hommes. La recherche à l'affût est dans le sang de certaines races, mais peut être enseignée à d'autres par un dressage professionnel. Un chien permet d'avancer plus rapidement que les équipes de recherche, en particulier dans les endroits (fourrés) où celles-ci ne peuvent guère prospecter. Son oreille sensible entend les luttes du blessé étendu à terre ; un souffle de vent lui donne l'odeur de quelqu'un abrité dans une cachette. Les bénéfices qui résulteraient de l’utilisation de chiens sanitaires sont bien entendu reconnus depuis longtemps.

En Allemagne, une association distincte a été fondée à leur intention en 1896, l'« Association allemande des chiens sanitaires » ; En Belgique, au Danemark, en France, en Angleterre et en Italie, aux Pays-Bas et en Suède, des associations similaires ont vu le jour sur le modèle allemand et, dans certains cas, les chiens sanitaires y sont devenus l'objet d'une activité officielle. Cependant, tous ces efforts n’ont pas progressé plus ou moins au-delà de la bonne volonté et de quelques débuts timides, car le chien sanitaire est une nécessité absolue en cas de guerre, mais est inutile en temps de paix. En d'autres termes, il ne peut pas être maintenu en nombre suffisant pour être utilisé avec succès sur le terrain, sans un investissement considérable en travail et en frais d'entretien. En cas de mobilisation, les chiens détenus par certaines des associations susmentionnées peuvent être une goutte d'eau dans l'océan. Même ces quelques canidés épuisaient complètement les forces des associations, car un chien qui n'est pas travaillé en permanence perd ses moyens en peu de temps. Le fait que l'oisiveté soit le début de tous les vices ne s'exprime nulle part ailleurs que dans la possession d'un chien.

Les propositions visant à équiper les chiens sanitaires de la Croix Rouge, d'une bouteille labellisée, de sacs de pansements, d'un carnet de notes, de clochettes ou même de lanternes, comme le montre l'image, sont sans valeur pour l'usage, voire dangereuses.Le chien sanitaire ne doit rien faire d'autre que trouver, retrouver le plus rapidement possible, afin que la personne découverte puisse avoir de l’aide et des soins !

Capitaine E. Stephanitz, Illustrierte Geschichte des Weltkrieges !

Traduit de l'allemand par C.H.


Commentaires
* L'e-mail ne sera pas publié sur le site web.