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04 Aug
Mon Régiment, vu par Hansi

Légende : Tout devant, c'est le colonel. Comme mon régiment se bat dans la montagne, le colonel porte une canne de montagne. (On porte beaucoup de cannes dans mon régiment; on les a achetées au bazar proche du Col de la Schlucht, le lendemain de la déclaration de guerre; vous pensez qu'on ne les a pas payées bien cher, d'autant plus que le Boche était absent et que l'on a acquis en même temps pas mal de briquets, de cigares et de cigarettes)

A côté du colonel, c'est le tambour-major. Le tambour-major est de Clamecy et il n'y en a pas deux comme lui pour apprendre aux clairons de la clique à tourner ensemble trois fois le clairon en l'air avant de l'emboucher pour jouer : "Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine".

Après, c'est les Poilus de la clique. Il n'y a plus de cantinière dans mon régiment; un monsieur très bien qui a ses deux fils au front venait très souvent nous apporter du chocolat et des cigarettes; mais comme c'est un civil, il n'aurait pas fait bon effet sur ma page. J'ai préféré dessiner une de mes nombreuses cantinières volontaires que mon régiment a trouvées et trouvera encore en Alsace.

En-dessous, vous voyez le glorieux drapeau entouré de Poilus en tenue d'été. Au bout de la ligne, c'est l'interprète; (Attention en découpant de ne pas lui enlever sa cigarette, cela me mettrait en mauvaise humeur !) 

En troisième ligne, ce sont des poilus grenadiers en tenue d'hiver, tels qu'on les voyait au Hartmannswillerkopf. 

La dernière ligne représente les Poilus de la 8° revenant d'une petite reconnaissance faite en Alsace. Ils sont précédés du sergent porte-poteau frontière boche et ils ont ramené quelques "Kamerads".  Il n'est pas toujours facile d'en ramener, car quand les Boches savent que mon régiment entre en ligne, il faut rudement courir pour rattraper les Kamerads. Mon régiment est un de ceux qui sont entrés en Alsace les premiers. Quand on les a vus à l'oeuvre, on est sûr que bientôt la France jusqu'au Rhin sera nettoyée de cette sale engeance de barbares. 

On les aura !

Hansi.

Source : Bulletin des Armées de la République, juin 1915.

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